Soro

Le Conseil constitutionnel, présidé par le magistrat Koné Mamadou, a rendu, lundi 14 septembre 2020, de 18h40 mn à 20h15 mn, son verdict quant aux candidats retenus pour la présidentielle ivoirienne du 31 octobre prochain. Sur 44 candidatures, seulement quatre ont été retenus, avec pour critères principaux le parrainage des candidats et le paiement de la caution de 50 millions Cfa. Sauf pour les cas de Guillaume Soro, ancien Président de l’Assemblée nationale et président de Groupement et peuples solidaires (Gps) et Laurent Gbagbo, ancien Président de la République, qui ont été éliminés pour avoir été radiés de la liste électorale. Ils ont été jugés pour respectivement, pour tentative de déstabilisation de la Côte d’Ivoire et réfugié en France et de casse de la Bceao, pour Gbagbo et condamnés, chacun, à 20 ans de prison.

Il est demandé aux candidats, d’avoir des parrains dans 17 Régions ou districts sur les 31 Régions et deux Districts du pays. Les quatre candidats retenus sont : Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, au pouvoir), pour un 3è mandat anti constitutionnel ; Pascal Affi N’guessan, pour le compte du Front populaire ivoirien (Fpi), parti fondé par Laurent Gbagbo. A ceux-là, il faut ajouter Aimé Henri Konan Bédié, candidat du Pdci-Rda et Kouadio Konan Bertin dit kkb, transfuge du Pdci-Rda, aujourd’hui actionné par le Rhdp, pour griffonner quelques voix dans le bastion du parti de Bédié.

Réagissant à ce verdict, Simone Ehivet-Gbagbo, 2è vice-présidente du Fpi, a déploré: ‘’je constate que les critères arrêtés par le Conseil constitutionnel visent à éliminer le maximum de candidats’’. Ajoutant : ‘’les résultats donnés par le Conseil constitutionnel confirment mes appréhensions’’. Puisque pour l’ex Première Dame de Côte d’Ivoire, les critères principaux sur lesquels se sont malheureusement basés le Conseil, sont le parrainage et la caution de 50 millions Cfa. ‘’J’avais demandé à toutes la classe politique afin que nous nous asseyons pour définir les critères pour être candidat et électeur pour cette élection. Ce n’est pas encore trop tard pour définir des modalités acceptables pour tous ; c’est-à-dire que nous devons arriver à un consensus pour des élections apaisées et justes. La Côte d’Ivoire a déjà trop souffert et nous n’avons plus besoin d’une nouvelle crise’’, plaide-t-elle.

Quant à Henri Konan Bédié, candidat du Pdci-Rda, même s’il dit prendre acte de la validation de sa candidature, ‘’dénonce cependant la validation de la candidature inconstitutionnelle de Monsieur Alassane Ouattara et l’exclusion arbitraire et antidémocratique de leaders politiques majeurs notamment Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Mabri Toikeusse, Mamadou Koulibaly et Amon Tanoh’’. Guillaume Soro, lui, ‘’conteste vigoureusement la décision injuste et infondée prise ce lundi 14 septembre 2020, par le Conseil constitutionnel’’. Une décision qu’il juge ‘’inique, politiquement motivée, juridiquement boiteuse et qui s’inscrit dans une logique d’anéantissement de la démocratie et de l’Etat de droit’’(…) ‘’Nous ne pouvons accepter ce coup d’Etat acté par le Conseil constitutionnel’’.

Le président de Gps annonce donc des actions futures. ‘’Dans ces circonstances, j’annonce que nous engagerons une étape nouvelle de notre combat pour la démocratie dans notre pays. Elle sera âpre mais nous la gagnerons sans aucun doute.’’ Pascal Affi N’guessan, président du Fpi, estime, lui, que ‘’le Conseil constitutionnel a raté aujourd’hui l’occasion historique de marquer son indépendance : en acceptant la candidature du président sortant, manifestement inéligible, en refusant celles du président Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro, privés de leurs droits civiques pour de purs motifs d’opportunité politique’’. C’est pourquoi l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo dit condamner ‘’avec la plus extrême fermeté la spirale de l’exclusion dans laquelle s’enfonce la Côte d’Ivoire’’. Cette l’exclusion qui génère, selon lui, ‘’un climat de terreur devant des lendemains lourds d’incertitude’’.

Soutenant qu’en Côte d’Ivoire en 2020, ‘’les règles élémentaires de l’Etat de droit ne sont pas respectées’’. A l’en croire, il est urgent de ‘’mettre fin à cette politique d’ostracisme, de bannissement, d’excommunication’’. Le candidat du Fpi a saisi cette opportunité pour lancer un appel au peuple ivoirien et à tous les Ivoiriens. ‘’Je connais votre colère et je la partage. Je connais votre soif de changement et j’entends l’incarner. Mobilisons-nous, rassemblons-nous pour imposer le 31 octobre, une victoire dans les urnes. Viendra alors le temps de la renaissance. Ensemble, je sais que c’est possible’’.

Jean Michael