Le West africa network for peacebuilding (Wanep) se dit préoccupé quant à la stabilité de la Côte d’Ivoire. Conscient que le pays doit amorcer un tournant décisif, il a produit un rapport qui date de mai 2020, intitulé : « Election présidentielle de 2020 : Un nouveau tournant à risques pour la Côte d’Ivoire ». Les recommandations sont présentées à l’issue d’une analyse de l’ambiance qui prévaut à l’approche des élections. Le Wanep observe que la tension ne cesse de monter aux niveaux politique, social et sécuritaire. Il y a, estime-t-il, des dérives verbales, des discours politiques dangereux, le spectre d’une chasse aux sorcières qui enveniment la cohésion sociale et la situation sécuritaire du pays.
Ce climat montre, selon le Wanep, que la réconciliation nationale, sensée consolider la sortie de crise, est encore une épreuve. D’où des recommandations qui s’adossent sur le meilleur scenario sur les trois élaborés dans le cadre de ce Rapport. Celui qui implique une large participation de toutes les parties prenantes. Pour plus de clarté, le Wanep a identifié sept parties prenantes et ce qu’il leur faut : le gouvernement, les acteurs politiques, le ministère de la justice, la Commission électorale indépendante (Cei), les Forces de défense et de sécurité (Fds), les acteurs de la société civile, puis la Cedeao et l’Union africaine.
Au niveau du gouvernement, il doit créer un cadre de discussion ‘’franc et sincère’’ avec tous les acteurs politiques, ceux de la société civile ; sans oublier les acteurs syndicaux. Le Wanep recommande au gouvernement ivoirien de privilégier les solutions politiques aux différents problèmes, qui éventuellement seront présentés, pour des élections inclusives. Quant aux acteurs politiques, ils ne doivent pas se lasser de dialoguer et de discuter jusqu’à l’obtention du consensus. Le Wanep se dit convaincu que seul le dialogue et la négociation pourront éviter la répétition de la récente et douloureuse histoire de la Côte d’Ivoire. Aussi, les partis politiques doivent-ils enseigner à leurs militants à pratiquer la non-violence et à cultiver les valeurs de la cohésion sociale. Concernant le ministère de la justice, il est question de la garantie de la justice, du respect des droits et libertés fondamentaux à tous les citoyens, en dépit des divergences politiques, d’idées et d’opinions. Pour ce qui est des Forces de défense et de sécurité (Dds), elles doivent rester ‘’vaille que vaille une force républicaine’’. C’est-à-dire, demeurer neutre et traiter tous les acteurs et militants politiques sans parti pris. En plus, ils doivent assurer une meilleure sécurisation du territoire pour anticiper sur la survenance d’incidents politiquement sensibles et manipulables en période électorale.
Quant à la Cedeao et l’Union africaine (UA), elles doivent, à en croire le Wanep, accompagner le processus électoral et faire le suivi en dépit des nombreuses élections prévues cette année. Le Wanep avertit que le déclenchement d’une crise en Côte d’Ivoire sera ‘’fatal’’ à toute la sous-région, embourbé dans la violence extrémiste. Ces organisations de la sous régionales et régionales doivent s’assurer que les parties prenantes à l’élection font vraiment recours, ‘’obstinément’’, au dialogue pour la recherche de solutions aux différents problèmes liés à l’élection.
A propos du recours au dialogue, le Wanep pense qu’il revient aux acteurs de la société civile d’éduquer les leaders et militants politiques, les populations et les médias aux bonnes pratiques du dialogue et de la cohésion sociale. Cela devra passer par des plaidoyers à l’endroit des autorités, en facilitant l’implication des leaders d’opinion, des chefs traditionnels et leaders religieux. Les acteurs de la société civile doivent éduquer les jeunes aux valeurs citoyennes et démocratiques qui leur permettra assurément de respecter encore plus les droits humains et les institutions de la République.
En effet, de nombreux observateurs déplorent l’ignorance des jeunes des moyens de revendication pacifique dont ils disposent. La société civile doit prendre de plus en plus conscience de son rôle d’éveilleur de consciente et être alerte dans les propositions de solutions aux différents problèmes, surtout au niveau de la Cei, chargée d’organiser les élections.
La Commission électorale doit par-dessus tout, s’assurer que toutes les opérations qu’elle exécute, se font dans la transparence, comme par exemple, l’actualisation professionnelle du fichier électoral conformément aux textes et règlements en vigueur. La Cei doit privilégier, autant que faire se peut, le consensus dans la conduite du processus électoral de 2020, surtout dans l’établissement du calendrier électoral. Elle doit faciliter à tous, l’accès à l’information et veiller à ne communiquer que des résultats justes, transparents et conformes à la vérité des urnes.
Franck Tagouya