Chaude alerte à la résidence d’Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda et Président du Conseil national de la transition (Cnt), le mardi 3 novembre 2020. Le pouvoir Ouattara a tenté de le faire arrêter au prétexte que la mise en place du Cnt est ‘’un acte de sédition’’ et a annoncé avoir saisi le Procureur de la République ‘’afin que soient traduits devant les tribunaux, les auteurs et les complices de ces infractions’’. Bédié a refusé de suivre les éléments de la police venus l’arrêter préférant mourir sur place, selon ses proches. ‘’Tirant les conséquences de la vacance du pouvoir exécutif, avec la fin du mandat présidentiel de Monsieur Alassane Ouattara et la non tenue d’une élection crédible ; considérant que le maintien de Monsieur Alassane Ouattara en qualité de chef de l’état est susceptible d’entraîner la guerre civile, les partis et groupements politiques de l’opposition annoncent la création, ce jour (2 novembre Ndlr), du Conseil National de Transition’’, avait annoncé Pascal Affi N’guessan, porte-parole de l’opposition.
Aujourd’hui, le fait est que la Constitution ivoirienne n’autorise pas un 3è mandat. Or Ouattara, outrepassant la loi, a fait organiser une élection présidentielle, la 31 octobre 2020, où le Conseil constitutionnel, à sa solde, a invalidé 40 candidats sur 44 et où la Commission électorale, également à sa solde, contrôle la totalité des commissions électorales locales. Cette élection à laquelle a refusé de participer l’opposition, qui a lancé un mot d’ordre de désobéissance civile, a été émaillée de violences dans plusieurs régions du pays, empêchant la grande majorité des Ivoiriens d’y prendre part.
l’opposition estime donc que le Président ivoirien, qui n’a pas à briguer un 3è mandat, est dans l’illégalité et qu’il ne peut plus se proclamer Président de la République de Côte d’Ivoire. D’où la mise en place du Conseil national de la Transition qui irrite tant le pouvoir. Le camp Ouattara craint-il que l’opposition emprunte la voie qu’il avait lui-même créée en 2010 face à Laurent Gbagbo, qui ne l’a pourtant pas faire arrêter, en mettant en place un gouvernement au golf-hôtel d’Abidjan ? Il faut rappeler que le 6 décembre 2010, c’est sous une tente, à même la pelouse de l’Hôtel du Golf d’Abidjan-Riviera, qui compte 306 chambres climatisées et agréablement décorées ; offrant une vue sur la lagune Ébrié et la Baie de Cocody, avec un jardin, un golf, une grande piscine et sous la surveillance des soldats de l’opération française Licorne et des casques bleus de la mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci), que se tient le premier Conseil du gouvernement Ouattara, avec comme Premier ministre, Guillaume Soro.
L’ancien Premier ministre d’Houphouët-Boigny est reclus dans cet hôtel en compagnie d’Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda, venu lui apporter son appui et son soutien, depuis que la Commission électorale indépendante (Cei), a annoncé, le 2 décembre 2010, son élection dans ce même hôtel. Pour le camp du Président sortant Laurent Gbagbo, c’est la comédie d’un ‘’roi nu’’ marquée du sceau de l’illégalité. Puisque les résultats proclamés ‘’hors délai’’ par la Cei ont été par la suite invalidés par le Conseil constitutionnel de la République de Côte d’Ivoire. Malgré tout, Alassane Ouattara prête serment au Golf-hôtel, le 4 décembre 2010, tout comme Laurent Gbagbo, qui le fait, lui, au Palais de la Présidence de la République au Plateau (quartier des affaires de la capitale économique ivoirienne).
Alassane Ouattara reconduit l’ancien chef-rebelle Guillaume Soro, au poste de Premier ministre, quand le Chef de l’Etat ivoirien nomme Pr Gilbert Aké N’gbo, comme Premier ministre. Avec la nomination des membres des gouvernements respectifs, le pays d’Houphouët-Boigny réalise son 2è miracle. Après le miracle économique des années 60 et 70 qui lui ont assuré une relative prospérité, la Côte d’Ivoire est ainsi dirigée par deux Présidents de la République (la République de Côte d’Ivoire et celle du Golf) et deux gouvernements. Au sortir du Conseil des ministres du 28 décembre 2010, le Premier ministre Guillaume Soro a annoncé les couleurs : ‘’ (…) Nous avons mis ce gouvernement en place et commencé à travailler.
C’est nous qui avons le pouvoir. Il s’agit de le rendre effectif. Nous sommes donc en train de réfléchir à une série de mesures qui nous permettent de montrer à l’opinion nationale et internationale que c’est bel et bien ce gouvernement qui dirige l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous avons, par exemple commencé par le rappel de nos Ambassadeurs. Vous savez très bien que l’Union Africaine, l’Union Européenne, le monde entier reconnait le gouvernement que je dirige. Je vous informe qu’à l’heure actuelle, l’Allemagne vient de reconnaitre notre gouvernement suite à l’entreprise de notre Ambassadeur qui s’y trouve.
La deuxième mesure concerne le monde des finances. Le ministre de l’Economie et des Finances est en train de prendre des mesures pour faire en sorte que les régies financières soient à la disposition de mon gouvernement. Pour ce faire, des décrets ont été signés. Nous sommes en train de travailler et nous sommes convaincus que d’ici la fin de la semaine, on verra bien l’effet réel de ces mesures sur la vie de la nation… On prépare notamment la révocation des ambassadeurs trop fidèles au président Laurent Gbagbo, la prise de contrôle des finances publiques, la nomination des fonctionnaires dans les grandes directions de l’État (…) Nous sommes légitimes, nous sommes dans notre droit. Maintenant, c’est à ce gouvernement d’appeler à la rescousse tous les démocrates du monde entier, notamment la communauté internationale mais aussi tous les démocrates ivoiriens pour qu’une fois en 2010, la démocratie naissante dans notre pays puisse s’installer et régir le quotidien des Ivoiriens. On ne peut pas accepter que quelqu’un qui n’a pas été élu continue de conserver le pouvoir.’’ (…)
‘’Le gouvernement de la Côte d’Ivoire réitère, en ces heures décisives de la vie de la nation, son appel pressant à tous les fonctionnaires et agents de l’Etat, de s’abstenir de collaborer, de quelque manière que ce soit, activement ou passivement, avec le régime illégal et illégitime de M. Gbagbo. Cet appel concerne tous les corps de l’administration publique, à savoir : les Hauts fonctionnaires, notamment le corps préfectoral, les ambassadeurs, les magistrats, les directeurs généraux, les directeurs centraux, les secrétaires généraux de préfectures, les inspecteurs généraux, les inspecteurs des ministères et les présidents d’universités ; les dirigeants des organes des sociétés d’Etat et sociétés à participation financière de l’Etat, à savoir les présidents et les membres des conseils d’administration ainsi que les directeurs généraux de ces sociétés ; les responsables des démembrements de l’administration publique et parapublique à l’intérieur du pays, à savoir les directeurs régionaux, directeurs de départements et responsables de services ; les fonctionnaires et agents de l’Etat à tous les niveaux.
Le Premier ministre a instruit le ministre de la Fonction publique, en relation avec tous les autres départements ministériels, à l’effet d’établir une liste exhaustive des agents de l’administration publique, ministère par ministère, qui contreviendront à cette mesure. Le ministre de la Fonction publique tiendra à la disposition du gouvernement un rapport hebdomadaire détaillé. Le Premier ministre a également instruit le ministre de la Fonction publique de mettre en place un Comité de discipline chargé d’évaluer au cas par cas, les faits incriminés, en vue de l’adoption de mesures administratives appropriées ou même d’apprécier l’opportunité de poursuites judiciaires. Ces sanctions administratives n’excluent pas la mise en œuvre des sanctions personnelles et ciblées adoptées par l’UE et l’ONU dans le cadre de la résolution de la crise institutionnelle que traverse notre pays’’.
Sylvain Namoya