Le dimanche 31 janvier 2020, la Côte d’Ivoire toute entière apprenait l’invalidation de la candidature de Justin Koné Katinan, ancien ministre du Budget de Laurent Gbagbo, ancien Président de la République (2000-2010) et Damanan Pickass, ex-président de la jeunesse du Front populaire ivoirien (Jfpi), à l’élection des députés du 6 mars 2021. Coulibaly Kuibert-Ibrahime, Président de la Commission électorale indépendante (Cei), déclarait : ‘’Concernant les candidatures de Messieurs Damana Adia et Katinan Koné Justin, candidats titulaires, respectivement dans les circonscriptions électorales N°043 Marcory Commune et N°045 Port-Bouet Commune, ceux-ci ont produit un certificat de résidence dans lequel il est indiqué uniquement le lieu de résidence des intéressés, sans mentionner qu’ils y résident de façon continue durant les cinq années précédant la présente élection, alors qu’ils sont notoirement reconnus comme résidant à l’étranger’’.
Avant d’ajouter : ‘’invités à fournir des compléments d’informations par courriers N°021 et N°022 en date du 27 janvier 2021, les susnommés n’ont pu ni produire les justificatifs complémentaires attestant de leur résidence continue en Côte d’Ivoire, durant les cinq années précédant les élections, ni faire la preuve de ce que leur sont applicables, les exceptions permettant de déroger à cette prescription légale’’. Réagissant à cette décision, les lis en cause ont répliqué : ‘’nous affirmons que c’est de façon arbitraire que la CEI a rejeté nos candidatures. Aussi avons-nous décidé après avis d’EDS (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté, plateforme de l’opposition), qui parraine nos candidatures d’exercer un recours devant le Conseil constitutionnel, droit que reconnaît l’article 82 alinéa 2 du Code électoral.
Nous avons à cet effet, constitué maître Louis Metan, ancien bâtonnier du barreau de Côte d’Ivoire pour défendre notre cause devant l’auguste Conseil constitutionnel dans notre intérêt, celui d’EDS que la CEI prive de 4 sièges, celui des populations de Marcory et de Port-Bouët à qui l’on restreint la liberté de choix de leurs députés et surtout dans l’intérêt du droit ». Il est utile de préciser que contrairement à l’élection présidentielle, le Conseil constitutionnel n’est pas l’organe qui statue sur les candidatures. Il ne gère que les réclamations.
Pourtant en scrutant la liste des candidats publiés par la Cei et transmise au Conseil constitutionnel et après investigation, le nommé Serge Koffi surnommé sroukou trimmin trimmin, ancien secrétaire général de la Fesci, syndicat étudiant, en exil depuis la chute de Laurent Gbagbo en 2011 ; tout comme Koné Katinan et Damanan Pickass est candidat dans la circonscription électorale de N° 099 Bédiala, Gonaté, Gadouan. A quel moment Serges Koffi a produit à la Cei ‘’les justificatifs complémentaires attestant de leur résidence continue en Côte d’Ivoire, durant les cinq années précédant les élections’’, ou fait ‘’la preuve’’ de ce que lui est applicable, ‘’les exceptions permettant de déroger à cette prescription légale’’ ?
D’ailleurs, dans un récent communiqué, Koné Katinan et Damanan Pickass ont fait savoir que le Conseil constitutionnel avait huit (8) jours, à partir de la publication de la liste provisoire (31 janvier) et sa saisine pour se prononcer sur ces cas de contestations. Et que passé le 10 février 2021, ils se considèrent comme candidats, actant la forclusion du juge des élections. Rappelons que 1266 dossiers de candidatures ont été retenus provisoirement par la Cei, sur 1291 réceptionnés. Neuf (9) candidats à la candidature ont été déclarés inéligibles par cette institution.
René Ramissou