Le Chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, a annoncé, dans son message à la Nation du 7 mai dernier, un allègement des mesures de restrictions qui s’imposaient contre la propagation du covid-19. Surtout que depuis le 21 avril 2020, a justifié le Président de la Côte d’Ivoire, aucun cas positif n’a été signalé à l’intérieur du pays. Le couvre-feu a donc été levé. Les rassemblements sont autorisés jusqu’à 200 personnes au lieu de 50. Les maquis, restaurants, bars et hôtels sont autorisés à rouvrir. De même que les établissements d’enseignements préscolaires, primaires et secondaires reprendront effectivement les cours le 18 mai 2020, selon le communiqué du ministère de l’Education nationale publié le 8 mai 2020. Dans la même veine, le Conseil supérieur des imams (Cosim), a autorisé l’ouverture des mosquées exclusivement pour les prières.
Au niveau du grand Abidjan, c’est seulement l’heure du couvre-feu de 21 heures à 5 heures qui a été réaménagée, pour passer désormais de 23 heures à 4 heures. Le président Ouattara a promis un allègement des restrictions dans le grand Abidjan le 15 mai 2020, si les résultats de la lutte sont bons. Cette décision a été accueillie avec joie, surtout pour les opérateurs économiques, dont les activités sont concentrées hors d’Abidjan.
Ce va occasionner le déferlement des dizaines de milliers de personnes (surtout les enseignants et les élèves), vers les villes de l’intérieur. Les autorités, par mesure de prudence, ont bien fait d’assujettir les demandeurs d’autorisation de sortie au test du covid-19. Désormais pour sortir d’Abidjan, il faut absolument prouver qu’on n’est pas atteint de covid-19.
Mais des questions trottinent encore dans les têtes quand on jette un regard sur le cas du Ghana qui a deconfiné à 1070 cas positifs et 9 décès le 21 avril dernier. Les derniers chiffres communiqués par le président Nana Akufo-Addo, font état de plus de 4700 cas positifs, 22 décès et 494 guérisons, moins de deux semaines après le deconfinement. Des milliers d’employés d’une usine ont été testés positifs selon le président ghanéen, à en croire CNN, qui a publié un article à cet effet, le 11 mai 2020. Selon le président Nana Akufo-Addo, cette infection est partie d’un seul employé qui a contaminé lui seul, 533 personnes, a-t-il expliqué dans son discours à la nation ghanéenne le 10 mai 2020.
Comment contrôler et surtout bien contrôler les milliers de personnes qui doivent sortir d’Abidjan, capitale économique ivoirienne et épicentre du covid-19, au moment où les centres de dépistage sont pris d’assaut par les élèves et enseignants ? En outre, une fois à destination, quel suivi ? Comment se fera le contrôle du respect des mesures barrières dans les lieux publics et dans les écoles ? Les masques et gels seront-ils suffisamment distribués aux enseignants et apprenants à temps, pour éviter la propagation tant redoutée du coronavirus ? Les Imams se mettront-ils à l’entrée des mosquées pour compter ceux qui viendront à la prière, surtout les vendredis ?
Car, comme c’est le cas actuellement au Ghana, une seule personne infectée peut des centaines d’autres. La Côte d’Ivoire est, au 11 mai 2020, à 1730 cas confirmés, 818 guérisons et 21 décès selon le point fait par le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Ces mesures allégées, même si elles donnent une bouffée d’oxygène aux opérateurs économiques de l’intérieur du pays, ne constituent pas moins des soucis pour les populations, eu égard au laxisme qui s’est passé à l’Institut national de la jeunesse (Injs), et qui a donné un coup d’accélérateur à la propagation du covid-19.
Franck Tagouya